Remettre de la raison dans l’esport.
Dans le microcosme de l’esport, des petites ERL aux grandes ligues franchisées, les gros titres mettent le plus souvent en lumière des rapports financiers inquiétants et des clubs luttant pour refinancer leurs pertes avec des sommes impressionnantes.
Aujourd’hui, cependant, nous mettons l’accent sur un récit de prudence et la réussite d’un modèle économique modeste : La team d’amis Solary
Solary fêtait récemment ses 6 années d’existence, lancé par plusieurs personnalités bien connues du milieu du streaming ou de l’esport. Avec un capital initial de 1000€ apporté par plusieurs actionnaires de tous horizons, le club marquait son empreinte communautaire qui restera au cœur de l’entreprise tout au long de son évolution.
Présent sur des jeux comme League of Legends en LFL, Trackmania, Fortnite, SuperSmash Bros ou encore HeartStone, Solary présente un modèle compétitif qui se veut ambitieux mais modeste financièrement.
Solary joue le titre financier ?
Le modèle économique de Solary repose sur une fine alliance entre webtv et club esport, permettant de trouver un relai économique viable, compensant dans leur cas l’absence d’investisseurs privés. Quelques fidèles sponsors comme Aldi, Logitech, Justin Bridou ou encore Predator cumulent un apport de plus d’un million d’euro de revenus et l’engagement de leurs fans à travers le merchandising ou le soutien des différentes webtv forment le socle financier solide et diversifié de la team d’ami.

Les données financières décrivent premièrement une croissance maitrisée sur les trois dernières années atteignant doucement mais surement 2.9 millions d’euros en 2022. Nous avons déjà pu étudier les risques inhérents aux cas de forte croissance, mais en maitrisant cette variable et ses coûts de fonctionnement, Solary parvient en 2020 et 2021 à publier un indicateur de rentabilité positif. L’année 2022 elle, s’achève quasiment à l’équilibre.
L’EBE (indicateur de rentabilité) moyen du club sur les 3 derniers exercices est de 133.000€, mais présente une tendance baissière due à la hausse globale des coûts de fonctionnement dans l’esport (les salaires notamment) et à l’augmentation des effectifs du club (70 collaborateurs dont une quinzaine de salariés). Hausse qui ne serait pas compensé par une augmentation des revenus en conséquence.
Les années 2020 et 2021 ont permis de consolider la structure financière de Solary durablement, avec un niveau de fonds propres moyen de 480.000€ et ce, malgré un ratio d’endettement à fin 2022 de 86%, l’entreprise reste dans les normes traditionnelles attendus.
Par sa stabilité et la solidité de sa structure financière, Solary se permet d’absorber les faibles pertes de 2022 sans mettre en péril l’entreprise.

Un modèle économique limité
La santé financière du club est bonne et le capital de SOLARYTV PRODUCTION est resté intact de toute dilution bien que l’horizon d’une levée de fonds soit potentiellement envisagé par le club. Une levée de fonds qui fait toujours partie des plans à moyen terme de Solary mais qui viendra en temps voulu lorsque la restructuration organisationnelle du club sera entièrement aboutie et qui aura pour objectif de booster les revenus extra-esportifs.
Cependant il semble au vu du bilan que le modèle financier de Solary s’érode et nécessite rapidement de trouver de nouvelles sources de revenus afin de compenser la hausse des charges amorcée en 2021 et symptomatique de l’évolution de l’esport ces dernières années.
Le risque d’un effet plafond de verre peut être une limite du modèle modeste et prudent du club. A l’heure ou la course aux dépenses humaines, structurelles et organisationnelles de l’esport bat son plein, comment Solary peut rester attrayant pour les meilleurs joueurs d’Europe ? Une partie de la réponse est apporté par le soutien d’une fanbase engagée sur les réseaux sociaux et lors des évènements offline sur laquelle le club compte bien capitaliser à l’avenir comme l’illustre la sortie prochaine de l’application Solary qui devrait récompenser l’engagement de ses supporters.

La transition des WebTV et la valorisation de l’esport
Ces dernières années marquent pour Solary une transition majeure de leur modèle économique aboutie en octobre 2022. Là où l’âge d’or de la WebTV suffisait à couvrir les besoins de la majeure partie des activités, ils sont désormais à l’équilibre sur la TV Fornite et Hearthstone et en déficit sur la TV 1. Chaque branche des activités Solary se veut indépendante financièrement et ce bien qu’intégré à la même entité juridique.
L’inversion de la répartition entre des revenus historiques générés par les WebTV et ceux du sponsoring lié à l’esport semble avoir trouvé un équilibre qui projette un horizon 2024 favorable pour Solary.
Au-delà d’une restructuration globale des effectifs de Solary, certaines actions concrètes ont été mises en place afin d’améliorer le contrôle des revenus et des charges comme un tracking régulier des indicateurs financiers à court terme et l’internalisation de pôles stratégiques (notamment au travers de recrutement comme Drijoka sur le segment commercial).
Autre mesure, la réduction globale des coûts qui s’initie dès l’année 2023 avec notamment une baisse des salaires des équipes esports et particulièrement de la team League of Legends qui n’a jamais été aussi réduite.
Dans l’ensemble le club admet avoir beaucoup mieux valorisé et marketé son asset esport à l’instar des WebTV pourtant parmi les plus regardés sur Twitch ces dernières années.
Pour conclure, les années d’abondance financière de la team d’amis semblent derrière elle et l’entreprise dont les activités esport prennent désormais une place prépondérante dans leur économie constatent l’inversion de leurs indicateurs de rentabilité. Restructuration, amélioration du branding et renforcement des effectifs sont selon eux la clé de la réconciliation financière.
- Dymey -
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