Alors que l'édition estivale de l'EMEA Masters 2024 et les Season Finals du LEC 2024 approchent à grands pas, Sheep Esports s'est entretenu avec Maximilian Peter "MAXtheX" Schmidt pour discuter des circonstances entourant ces événements et de l'avenir de l'écosystème en 2025. Dans cet article exclusif, l'actuel directeur de League of Legends Esports de la région EMEA aborde plusieurs sujets, notamment la Fearless Draft, les patchs live, les places d'invité du LEC, les changements apportés aux EMEA Masters et la viabilité des ligues régionales.

Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites chez Riot Games en tant que directeur de LoL Esports pour la région EMEA?

Maximilian Peter "MAXtheX" Schmidt: Je suis le directeur de League of Legends Esports pour la région EMEA, comme vous venez de le mentionner. Cela signifie que je dirige les équipes de gestion de production responsables de la LEC, des ERL et des EMEA Masters. Ces équipes me font remonter leurs informations. Artem Bykov dirige l'équipe du LEC avec le nouveau titre de commissaire du LEC, que j'occupais auparavant, et Andrey Korshunov s'occupe des ERL et des équipes de production des EM.

En mars, Riot Games a annoncé un nouveau format pour les EMEA Masters, qui a été accueilli négativement. Alors que des changements majeurs se profilent à l'horizon 2025, pourriez-vous d'abord expliquer le raisonnement derrière ces changements initiaux?

Maximilian Peter Schmidt: Oui, je peux lever un peu le voile sur la façon dont nous concevons les formats et sur la fréquence de nos évolutions. Nous évaluons constamment nos formats pour voir ce qu'ils font de bien et ce qu'ils peuvent améliorer. Parfois, d'autres facteurs exigent certains changements. Comme vous l'avez mentionné plus tôt, nous passerons à une nouvelle organisation de la saison en 2025, comme l'a annoncé John Needham (président global de LoL Esports). Cela signifie que nous savions que les EMEA Masters devraient naturellement changer aussi. Les équipes ERL et EM se sont donc réunies pour s'assurer que nous disposions d'une solution adéquate pour 2025. Nous avons considéré 2024 comme un terrain d'expérimentation pour essayer quelque chose de nouveau et l'utiliser comme une période de transition entre l'ancien système de l'EM et le nouveau système potentiel pour 2025.

C'est pourquoi nous sommes arrivés au nouveau format de l'EM pour le Summer 2024, qui n'a pas été bien accueilli. Bien qu'il n'y ait pas de bon ou de mauvais format, il y a toujours des compromis à faire. Le plus important pour l'EM est toujours la représentation par rapport à la compétition. Nous voulons que toutes les régions se sentent représentées et fassent partie de l'écosystème, tout en faisant en sorte que le tournoi soit très compétitif. De nombreux joueurs d'ERL sont en compétition pour une place potentielle en LEC, et nous voulons nous assurer qu'ils ont une chance de montrer leur talent. Il s'agit d'un équilibre entre ces facteurs.

On pourrait dire que si la compétition était totale, davantage d'équipes des régions les plus fortes, comme la France, participeraient, car elles sont historiquement fortes. Mais cela va à l'encontre de notre objectif, qui est de faire en sorte que tout le monde puisse participer. Je pense que nous avons trop corrigé le tir et que nous sommes allés trop loin dans la valorisation de ces places, en surévaluant les premières places dans les petites régions qui ne sont peut-être pas aussi compétitives. Ces commentaires sont précieux et font partie des raisons pour lesquelles nous sommes revenus sur l'idée initiale. En fin de compte, Riot est fier d'être l'entreprise la plus axée sur les joueurs au monde. Nous prenons les commentaires au sérieux et apprécions tous ceux qui ont exprimé leur opinion, qu'il s'agisse d'organisateurs de tournois, d'équipes ERL ou de personnes présentes sur les réseaux sociaux.

Quelle a été l'influence des organisateurs de tournois sur le processus de prise de décision concernant le nouveau format et les récents changements annoncés en juin?

Maximilian Peter Schmidt: Lorsque nous pensons à notre écosystème, nous le voyons vraiment comme un partenariat. Comme vous l'avez mentionné, nous avons nos organisateurs de tournois, avec lesquels nous travaillons pour la plupart depuis des années. Nous les considérons comme faisant partie de l'écosystème et nous sommes en partenariat avec eux. À chaque étape, nous voulons nous assurer qu'ils sont au courant des raisons pour lesquelles nous prenons certaines décisions et lorsque quelque chose doit changer. Nous voulons nous assurer qu'ils peuvent exprimer leurs préoccupations, fournir un retour d'information et travailler avec nous sur la mise en œuvre potentielle.

Franchement, les TO d'ERL, en tant que partenaires, ont joué un rôle essentiel dans le façonnement de l'ensemble de l'écosystème tel qu'il est aujourd'hui, et les EM en font naturellement partie aussi. Bien qu'il y ait certaines restrictions et exigences pour les partenaires ERL, tout comme pour l'exécution et l'exploitation des EM, nous voulons nous assurer que nous la traitons comme un partenariat. Je crois que c'est ce que nous faisons avec succès depuis quelques années déjà avec beaucoup d'entre eux. Nous voulons continuer sur cette voie pour garantir que l'écosystème prospère ensemble.

Suite aux changements de format des EMEA Masters, certaines régions comme l'Espagne et le Benelux ont annulé leurs projets d'organiser des événements offlines pour leurs tournois régionaux en raison de la réorganisation du tournoi. Que pensez-vous de ces inconvénients et ont-ils été pris en compte lors du choix du nouveau format?

Maximilian Peter Schmidt: Oui, absolument. Comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas de bon ou de mauvais choix en matière de format. Il y a plusieurs compromis à faire et il faut décider ce que l'on apprécie le plus. En l'occurrence, si nous n'avons pas mis en œuvre le plan 2025 en 2024, c'est en partie à cause de ces facteurs. Nous voulions être un peu plus prudents et flexibles. La programmation d'événements réunissant plus de 60 équipes nécessite des ressources et une organisation importantes, et elle prend une place considérable dans le calendrier, ce qui rend difficile l'organisation d'autres événements en parallèle.

Ce n'est pas l'idéal pour cette année, et c'est le résultat naturel de ce changement. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec tous les partenaires tout au long de ce processus afin de tenir tout le monde informé des compromis que nous faisons. Pour 2025, nous espérons disposer d'une plus grande flexibilité et de plus de temps pour planifier en conséquence. Malheureusement, la nature de dernière minute de ce changement ne nous a pas permis de le faire cette fois-ci.

Le format Fearless Draft a fait l'objet de nombreuses discussions suite à sa mise en place dans des tournois régionaux tels que la NACL et la LPL. Est-il prévu d'introduire la Fearless Draft dans les EMEA Masters en 2025 et au-delà, compte tenu de sa popularité croissante dans d'autres ligues?

Maximilian Peter Schmidt: Je pense que la Fearless Draft est très intéressante. Il existe plusieurs versions de Fearless, nous devons donc préciser de quelle version nous parlons. En général, le concept de bans ou de champions persistant puis retirés du pool, conduisant à une plus grande diversité de champions, est très intéressant. Il est également plus proche de l'expérience que la plupart des gens ont à la maison quand ils sont en file d'attente pour une partie. Cela rapproche l'esport et le jeu, ce que je trouve vraiment génial.

Alors, pourquoi ne pas l'avoir mis en place cette année ? En réalité, nous avons déjà apporté de nombreux changements pour cette année. Nous voulons être prudents et éviter de trop fausser les données. Je sais que tout le monde est enthousiaste à propos du nouveau format, et je le suis aussi. Je suis heureux qu'il soit bien accueilli, mais nous devons voir comment il fonctionne sur le plan opérationnel. C'est le plus grand tournoi que nous ayons eu jusqu'à présent à cet égard, et il y aura de nombreux aspects que nous devrons gérer pendant l'exécution. Nous devons également observer comment les joueurs réagissent à l'événement, car les perceptions peuvent changer avec le temps. Nous voulons nous assurer que nous considérons le format de cette année avec une perspective claire et impartiale. La Fearless Draft est toujours sur la table pour 2025 en tant qu'ajout potentiel au système.

Les LCS utilisent les patchs live pour mieux aligner le jeu professionnel avec l'expérience des spectateurs. Cependant, la région EMEA utilise toujours d'anciens patchs, et il y a un décalage entre les ligues régionales et les EMEA Masters. Les ERL ont joué leurs playoffs en 14.13, mais les EM seront en 14.15. Comment abordez-vous ce problème?

Maximilian Peter Schmidt: Je pense qu'il y a deux parties à cette question. Tout d'abord, en ce qui concerne notre satisfaction quant au délai entre le lancement des patchs et leur mise en œuvre dans les tournois : c'est quelque chose que nous évaluons en permanence. Je tiens à féliciter les LCS pour avoir essayé cette approche. C'est très intéressant, et nous voulons apprendre de leur expérience pour voir si elle a bien fonctionné. Il y a des avantages et des inconvénients à cette méthode, et nous en tiendrons compte lors de la préparation de 2025.

En ce qui concerne les EMEA Masters, il s'agit d'une situation de compromis similaire. Soit nous jouons sur un patch plus ancien, ce qui peut rendre plus difficile la connexion des spectateurs au fur et à mesure que le tournoi progresse en raison de changements majeurs, soit nous utilisons un patch plus récent, ce qui représente un défi pour les équipes au début mais peut conduire à une meilleure compétition à la fin du tournoi. Un patch plus récent est souvent plus bénéfique pour trouver des partenaires de scrim et améliorer la pratique de la solo queue, car il s'aligne mieux sur l'environnement compétitif actuel. Aucune des deux options n'est parfaite, mais nous avons décidé que l'utilisation du patch le plus récent était le meilleur choix. En général, s'il existe un équilibre raisonnable, nous préconisons l'utilisation du patch le plus récent, car il améliore l'expérience des spectateurs et la compétition dans son ensemble.

Webedia, l'organisateur de la LFL, devient le nouvel opérateur des EMEA Masters, de la même manière qu'ESL gérait les EU Masters au début. Y a-t-il des raisons spécifiques à ce changement? Les licenciements de janvier ont-ils influencé cette décision?

Maximilian Peter Schmidt: Je commencerai par la dernière question et je poursuivrai avec les autres. Les licenciements et la reprise par Webedia ne sont pas du tout liés. Nous travaillions sur cette décision avec Webedia depuis longtemps. Comme vous l'avez mentionné, l'origine des EM implique d'être exploité par un partenaire. L'une des raisons pour lesquelles Riot a décidé de le reprendre en interne est que nous pensions pouvoir créer un meilleur produit pour les fans et l'écosystème en le gérant directement et en construisant une nouvelle plateforme. Nous avons également procédé à un rebranding et à d'autres changements.

Aujourd'hui, nous avons la chance d'avoir Webedia comme partenaire. C'est un collaborateur de longue date qui fait un travail incroyable avec la LFL. Nous sommes très satisfaits d'eux et impressionnés par le niveau de fandom qu'ils génèrent sur le marché français. Leur produit est fantastique. Nous revenons au concept initial consistant à donner l'écosystème au partenaire dans le cadre de notre système global de licence. Nous gérons toutes les ERL par l'intermédiaire de systèmes de licence, et la même chose était prévue à l'origine pour les EM. Nous sommes très bien placés avec Webedia, qui est impatient d'assumer cette responsabilité. Nous avons déjà travaillé avec eux au Spring et ils ont fait un excellent travail. Je suis très impatient de voir la version estivale des EM. Je sais qu'ils sont également impatients de voir comment le nouveau format fonctionnera. Il y a beaucoup de choses à attendre de la prochaine édition des EM.

Avec les changements à venir sur le circuit esport mondial en 2025, dont un nouveau cycle de licences pour les ERLs et un potentiel format en trois split, comment les ERLs vont-elles d'adapter, et peut-on s'attendre à ce qu'elles passent également à un format en trois split?

Maximilian Peter Schmidt: Je ne peux pas encore donner trop de détails sur ce à quoi ressembleront les choses en 2025. Cependant, je peux confirmer qu'il y aura quelques changements. Comme je l'ai dit, nous passons à une organisation en trois splits à l'échelle mondiale et nous ajoutons un troisième événement international. Cela signifie qu'il faudra procéder à des ajustements au niveau des ERL et des EM, y compris éventuellement au niveau du calendrier. Sans ces changements, le système ne fonctionnerait pas comme il le fait actuellement.

Nous travaillons encore avec nos partenaires sur cette nouvelle structure, c'est pourquoi je ne peux pas fournir d'informations détaillées à ce stade. Je peux vous promettre qu'il y aura des changements, et nous veillerons à tenir tout le monde au courant, ainsi que nos partenaires, dès que nous aurons plus de détails.

Malgré les changements positifs apportés à l'écosystème, nous avons assisté à une lente détérioration des ligues régionales en termes de production. Avec un taux important de changement dans l'organisation et une baisse de l'audience dans la plupart des ligues, comment Riot voit-il la santé actuelle du système ERL, et quelles sont les mesures prises pour résoudre ces problèmes?

Maximilian Peter Schmidt: Lorsqu'il s'agit de durabilité, tout le monde y pense, Riot, tous les partenaires ERL et les équipes qui participent aux ERL. À l'approche du nouveau cycle de licences pour l'année prochaine, nous voulons nous assurer que nous faisons ce qu'il y a de mieux pour l'ensemble de l'écosystème à long terme. Cela signifie qu'il faut aider nos partenaires à mettre en place des réglementations et des changements pour rendre les choses plus durables. Nous travaillons en étroite collaboration avec eux pour nous assurer que nous sommes sur une voie qui favorise la durabilité à long terme.

La bonne nouvelle, c'est que nous sommes sur une trajectoire positive. Je suis très optimiste quant à l'avenir de l'écosystème. Nos partenaires sont enthousiastes et désireux de continuer à collaborer avec nous. En ce qui concerne la rotation des équipes, c'est un peu normal. Cela se produit dans toutes les régions, que ce soit en LEC ou en ERL. Les entreprises doivent être rentables pour survivre. Elles peuvent atteindre le seuil de rentabilité ou fonctionner à perte pendant un certain temps, mais il doit y avoir un chemin vers la durabilité et la rentabilité.

Il est difficile de faire des commentaires sur tous les détails depuis Berlin, car cela dépend de la situation de chaque entreprise. Ce qui est essentiel pour nous, c'est de faire en sorte que les organisateurs de tournois soient durables. Avec la nouvelle licence, nous apportons des changements significatifs pour améliorer la durabilité de l'écosystème. Nous créons également des cadres permettant aux TO de travailler avec leurs équipes afin de garantir de meilleures opportunités de durabilité aux niveaux régional et local. Toutes les équipes ou organisations ne réussiront pas, mais notre objectif est d'augmenter les chances de réussite et de continuer à travailler pour améliorer l'écosystème pour toutes les personnes impliquées.

Avec la montée en puissance d'équipes d'ERL comme Karmine Corp, Heretics, KOI et GIANTS, et l'introduction de places invités dans les ligues nouvellement fusionnées d'Amérique en 2025, avez-vous envisagé d'ajouter une place invitée similaire à la LEC à l'avenir?

Maximilian Peter Schmidt: C'est toujours envisageable, mais cela nécessiterait une refonte complète de l'écosystème. Je tiens à préciser qu'il n'est pas prévu de mettre en œuvre ce changement. Pour introduire des places invitées, nous devrions collaborer avec les équipes LEC et tous les TO ERL partenaires pour trouver un moyen d'avancer. Actuellement, cette idée est en contradiction avec notre philosophie sur l'écosystème.

Le système actuel remplace les anciennes Challenger Series. Il s'agit de compétitions régionales qui alimentent les EM, avec un parcours de joueurs allant des ERL aux EM, puis au LEC. L'ajout de places invité pour les ERL perturberait cette transition et détournerait l'attention du développement et de la progression des talents vers la LEC. Nous avons vu des organisations réussir à faire progresser les talents et à conserver des joueurs pour constituer des équipes compétitives.

Si l'idée d'une promotion et d'une relégation est séduisante, sa mise en œuvre nécessiterait une révision complète de l'écosystème. Pour l'instant, il n'est pas prévu de procéder à de tels changements. Nous nous concentrons sur le maintien d'un système durable pour la LEC et les ERL. Nous sommes également très satisfaits de l'accueil réservé aux EM et nous nous réjouissons d'organiser la tournée à Munich. Les billets se vendent très rapidement et nous nous attendons à ce que ce soit la plus grande tournée jamais organisée. Nous sommes très enthousiastes, mais nous n'avons pas l'intention de modifier radicalement l'écosystème pour l'instant.

Munich— La plus grande tournée jamais organisée?

Alors que les Summer Playoffs du LEC 2024 se terminent, de nombreuses autres compétitions débutent. Les Season Finals du LEC et les EMEA Masters se dérouleront à Munich à la fin du mois d'août :

Vous pouvez obtenir votre billet pour cet événement de fin de saison en suivant ce lien.