G2, FNC, MAD, BDS : Le LEC vient jouer les trouble-fêtes
Cela fait maintenant 4 ans que le LEC n’a pas vraiment connu d’épopée internationale digne de ce nom. Depuis le parcours extraordinaire de cette équipe au style unique et surtout très attachant de G2 Esports version 2019, arrêté de façon brutale à Paris face à des FPX déchaînés en finale des Worlds, les équipes européennes peinent à réitérer l’exploit de ce qui est probablement la meilleure équipe jamais conçue par l’Occident.
Pourtant, certaines s’y sont essayées. G2, déjà, dès 2020, avec la même équipe, mais qui s’est arrêté en demi-finale, en se faisant ridiculiser par DAMWON Gaming, largement au-dessus d’eux. Puis il y a eu MAD Lions, dominateur en LEC, remportant les deux splits, et poussant même DWG, champion du monde en titre, en cinquième manche au MSI. Tout ça pour sortir in extremis de son groupe des Worlds, et se faire détruire par DWG, encore eux, en quarts. L’année passée, il y a même eu Rogue, impressionnant au Summer, et qui a d’ailleurs éliminé Top Esports en groupe des Worlds. Mais la finalité est la même, et la correction, venant cette fois des champions chinois de JDG, est toujours aussi violente : 3-0.
La réalité des dernières années est que l’écart entre l’Asie et l’Europe s’est considérablement augmenté, la LCK et la LPL continuant à progresser à la vitesse de la lumière, un rythme que n’arrive pas à emprunter le LEC. Ces derniers doivent désormais plus faire attention aux LCS, qui reviennent petit à petit dans la course, qu’à une potentielle remontée sur des régions asiatiques qui semblent de toute façon déjà loin.

C’est avec cette idée en tête que le LEC a opéré un énorme changement pour 2023 : d’un format classique en 2 splits, utilisé par toutes les ligues dans le monde, l’élite européenne est passée à 3 splits, un calendrier plus resserré, des matchs censés avoir plus de valeur, et surtout un rythme effréné, voire même infernal.
Ce format, beaucoup critiqué au fil de la saison, a permis à certaines équipes d’émerger, profitant des faux pas de certains favoris pour faire leur trou dans une ligue européenne plus ouverte que jamais, où le niveau n’a cessé de vaciller au fil de la saison.
Team BDS, surprise à la sauce française
L’une de ces principales équipes surprises, qui a brillé bien plus que prévu tout au long de la saison, c’est Team BDS. Qui aurait prédit en début de saison que la jeune équipe suisse, sortant d’une première année de LEC catastrophique, et misant sur des jeunes joueurs sans vraiment d’expérience du haut de tableau européen, se retrouverait dans cette liste des équipes qualifiées aux Worlds ?
Et pourtant, BDS l’a fait, se frayant un chemin dans un LEC ouvert, à coup de performances inattendues et surtout d’un contrôle impressionnant, surtout pour une aussi jeune équipe. Après une première année de LEC très difficile, BDS avait décidé de faire confiance à Ilias “nuc” Bizriken, et de l’entourer de joueurs qu’il connaît bien. Son ami et ancien coéquipier à la Kameto Corp Adam “Adam” Maanane, de retour au sein de l’équipe après avoir été mis de côté en raisons de ses performances au printemps 2022.
Le toplaner avait ainsi passé son été au sein de l’académie BDS, qui avait réalisé une saison impressionnante, atteignant les finales de la LFL, puis des European Masters. Preuve de la réussite de cette académie, Adam est remonté en LEC, accompagné de deux de ses coéquipiers : Juš "Crownie" Marušič, un visage déjà bien connu du LEC, mais aussi Théo “Sheo” Borile, jeune rookie passé de la Division 2 française au LEC en à peine 2 ans.
Pour compléter l’équipe, Crownie refait équipe avec Labros “Labrov” Papoutsakis, son coéquipier de l’époque Vitality, avec qui il avait formé un duo impressionnant. Pourtant, peu d’observateurs voient BDS jouer les devants de la scène, et on peut les comprendre : La dernière saison d’Adam dans l’élite européenne était très décevante, nuc n’a pas vraiment réussi à convaincre après 3 splits en LEC, Labrov est réputé pour être un excellent joueur de scrims, mais n’a pas réellement converti toutes les attentes autour de lui, Crownie n’a pas su mettre les fans d’accord lors de son passage chez Vitality en 2021, et Sheo est un simple rookie que personne ne connaît.

BDS débute la saison d’hiver sous les radars, occupant une place dans le milieu de tableau, déjà supérieure à ce que beaucoup leur promettait. Les fans européens apprennent à apprécier une équipe qui brille par sa capacité à contrôler les aspects du jeu, et à forcer son adversaire à faire des erreurs. Une équipe très calme, proche du typique jeu coréen, mais qui brille également par ses individualités.
C’est tout particulièrement Adam qui attire l’oeil au sein de cette équipe. Déjà connu pour ses champions atypiques, sur lesquels il a une maîtrise totale, le jeune français est laissé en liberté totale par son équipe, avec qui il enchaîne les Garen, Olaf, Darius et autres Sett (les fameux GODS). Capable de débloquer la situation pour son équipe, Adam brille dans ses duels, malgré quelques erreurs caractéristiques de son style de jeu.
Des erreurs qui coûteront notamment cher lors de la phase de groupes du Winter, où BDS s’incline d’abord logiquement face à G2, avant de tomber en étant largement favori contre Astralis, à la surprise de tous. BDS finit alors septième, nourrissant de nombreux regrets.
Ce sont ces regrets qui amèneront la plus belle forme de BDS vue cette année, lors du Spring. Réveillés par leur médiocre performance en fin d’hiver, BDS arrive comme une bombe et rafle tout, ne s’inclinant que 2 fois en 9 matchs lors de la saison régulière, et prenant la première place du LEC, finissant même sur 3 victoires de rang.
En groupes, BDS active le rouleau compresseur. Sans perdre une seule manche, BDS se qualifie pour les premiers playoffs de son histoire en roulant sur SK Gaming, puis KOI. En playoffs, forts d’une série de 7 victoires de rang, BDS oblitère Vitality dans un match à sens unique, 3-0, alors que les abeilles partaient favorites de l’affrontement. Voici Team BDS en finale du LEC.
Cette finale représente sans doute le plus grand regret de la saison de l’équipe suisse. Favoris de la finale face à des MAD Lions au parcours héroïque dans ces playoffs, mais qui ont montré d’importantes faiblesses au fil de la saison, BDS remporte les deux premiers matchs en dominant logiquement son adversaire, puis finit par craquer. MAD remonte et conclut même le reverse sweep, remportant le Spring Split au nez et à la barbe de BDS sonnés, passés à rien du premier titre de leur histoire.

De retour au Summer, BDS accuse le coup de sa défaite en finale, et ne montre plus la même domination. L’équipe suisse revient dans le milieu de tableau, se qualifie pour les BO3 où ils battent Team Heretics 2-1 au cours d’un joli match, avant de s’incliner logiquement face à G2 2-0.
TH vient prendre sa revanche dans le Lower Bracket, et élimine BDS qui finit l’été à la cinquième place, signant le retour de l’équipe au milieu de tableau. Elle sécurise cependant sa place en Season Finals, les playoffs ultimes de la saison de LEC, récupérant même suffisamment de points pour se classer troisième meilleure équipe de la saison.
A nouveau confrontés à G2 en entrée de Season Finals, les suisses s’inclinent logiquement 3-1, et sont alors contraints de gagner leur prochain match pour espérer se qualifier aux Worlds. Face à SK Gaming, on retrouve l’espace d’un match les BDS dominants qui ont tant surpris au cours du Spring, alors qu’ils étrillent l’équipe allemande 3-0.
Voilà BDS assurés d’être quatrième de LEC a minima, validant ainsi sa place quoi qu’il arrive aux Worlds Qualifying Series, BO5 d’introduction aux Worlds où les quatrièmes de LEC et de LCS s’affrontent pour la dernière place en Play-In. Face à FNC, BDS avait l’occasion d’éviter toutes ces prises de tête en se qualifiant automatiquement pour le Main Event des Worlds. Après un match très serré, c’est finalement Fnatic qui a pris le dessus, condamnant BDS au parcours du combattant en Corée afin de rejoindre les Worlds.
Ce parcours du combattant a débuté la semaine passée, lors des WQS face à Golden Guardians, où l’on attendait un affrontement serré face à une équipe américaine très ambitieuse et capable de créer la déroute chez n’importe qui. Au final, il n’en fut rien, Golden Guardians craquant totalement sous la pression, et surtout face à un excellente préparation des BDS, qui n’a rien laissé au hasard, remportant le match 3-0 et se qualifiant officiellement pour les Worlds, au Play-In.
Alors que BDS entrait au Play-In sûr de lui, et largement favoris par rapport à ses concurrents, le représentant européen tomba de très haut d’entrée. Après une destruction en première manche contre Team Whales, le second seed vietnamien, les Suisses se font surprendre à deux reprises et perdent dès leur entrée aux Worlds ! En outre, BDS affiche un niveau bien loin de ce qu’ils avaient montrés face à GG, comme si l’équipe était paralysé par l’enjeu.

Petit à petit, en remontant le Lower Bracket face à Detonation FocusMe (2-0) puis CTBC Flying Oyster (2-0), BDS reprend en confiance, même si l’équipe ne rassure pas tant que ça, surtout que s’oppose à elle l’incontestable meilleure équipe du Play-In jusqu’alors : PSG Talon.
Dans un BO5 sous très haute tension, l’équipe taïwanaise remporte les deux premiers matchs en dominant tous les aspects du jeu face à des BDS sans solution, et tout le monde s’attend déjà à voir les Suisses sortis des Worlds 2023. Mais BDS se ressaisit, et trouve les ressources qui leur avait manqué au cours de la finale du Spring en LEC pour inverser la tendance, portés par un Adam en pleine confiance sur ses champions de coeur, et un Labrov magistral, notamment lors du match décisif qui offre la qualification aux siens. BDS est qualifié pour le Main Event des Worlds 2023, seulement 2 ans après son arrivée en LEC, et avec une équipe très jeune, sur qui personne n’aurait parié au départ de la saison.
Pour la suite de la compétition, difficile d’attribuer des ambitions démentielles à la jeune équipe suisse. En atteignant ce stade de la compétition, son contrat est déjà largement rempli, mais difficile de croire que les joueurs n’en voudront pas plus maintenant qu’ils ont réalisé l’exploit ! BDS occupera ainsi très certainement le rôle d’équipe dangereuse à affronter, particulièrement en BO1, où son style et surtout ses individualités imprévisibles peuvent faire peur à n’importe qui.
D’entrée confrontés à JD Gaming, pas moins que la meilleure équipe du monde à l’heure actuelle, BDS s’avance sans aucune pression. La meilleure position pour réaliser des upsets historiques.

MAD Lions, l’irrégularité incarnée
Rien ne pourrait mieux représenter la saison de MAD Lions que des montagnes russes. Passés par tous les états possibles d’une équipe au cours de la même saison, l’équipe espagnole, historiquement très performante en Europe, beaucoup moins aux Worlds, a vécu de très hauts et de très bas au cours de cette année 2023.
En même temps, le mercato des lions laissait la porte grande ouverte à cette irrégularité. En repartant sur la base mid-jungle construite par Javier “Elyoya” Prades Batalla et Yasin “Nisqy” Dinçer au Summer 2022, MAD a recruté 3 joueurs au potentiel aussi haut que leur imprévisibilité.
D’abord, le retour de Matyáš "Carzzy" Orság, présent dans la structure en 2020 et 2021, qui avait fait les belles heures de MAD Lions par le passé, mais sortant d’une année catastrophique aux côtés de Vitality, où ses performances n’ont jamais décollé. Ensuite, l’arrivée d’un rookie coréen : Kim “Chasy” Dong-hyeon, sorti de l’Académie DAMWON, et qui a fait ses gammes en ERL la saison passée. Enfin, l’arrivée d’une icône européenne, le professeur Zdravets “Hylissang” Iliev Galabov, roi de l’inconstance aux idées parfois géniales et parfois désastreuses, l’un des meilleurs supports de l’histoire du LEC.
Forcément, avec Carzzy et Hylissang sur la botlane, et un rookie passé un peu inaperçu l’année passée à l’étage inférieur, MAD Lions s’avançait dans la saison avec plus d’incertitude qu’autre chose, mais avec un potentiel certain. Ce potentiel se montre très tôt dans la saison, au cours d’un Winter où MAD domine la saison régulière, finissant avec 7 victoires pour 2 défaites, avec des succès contre G2, KOI ou encore FNC.

Mais en groupe, G2 prend sa revanche sur MAD, les envoyant en Lower Bracket jouer une place pour les playoffs face à Astralis. Les lions se débarrassent facilement de l’équipe danoise, ils doivent désormais remonter 3 BO5 en 3 jours pour espérer accrocher le titre. Au cours d’un week-end marathon, MAD élimine SK au bout du suspens (3-2), puis punit des KOI un peu trop confiants 3-1, et rejoint la grande finale, où G2 les attend.
Mais la marche est bien trop haute pour MAD, qui se fait anéantir par des G2 supérieurs sur tous les points, ne laissant rien au hasard dans une victoire 3-0 où MAD a fait acte de présence, rien de plus.
MAD aborde ainsi le Spring avec l’envie de prendre sa revanche sur G2, sauf que rien ne se passe comme prévu. Dès la saison régulière, les Lions perdent face à des équipes qui ne leur posaient aucun problème quelques semaines plus tôt. MAD régresse à tout allure et doit même s’employer lors d’un tie-break décisif face à Heretics pour ne pas finir dans les deux derniers de la ligue !
Toujours très fragilisé en groupes, MAD ne fait pas le poids face à Vitality, qui les envoie en Lower Bracket, où ils affrontent Fnatic. Dans un match très serré au niveau souvent douteux, Fnatic passe à rien (littéralement 2 auto-attaques sur le nexus adverse) de sortir MAD, mais se manque au pire des moments, permettant aux espagnols de remonter et de remporter le match, non sans mal.
Par la suite, MAD élimine Astralis pour se qualifier en Playoffs, sans se montrer rassurant pour autant. Les voilà en Lower Bracket des Playoffs, petit poucet des 4 équipes présentes, et d’entrée confronté à G2. Il faudrait un miracle pour que MAD fasse plus que de la figuration dans ces playoffs.
MAD entame sa remontée fantastique en prenant sa revanche sur G2, au terme d’un match fou, et d’une maestria proposée par Elyoya et Nisqy, en parfaite coordination ensemble. Les lions s’avancent ensuite face à des Vitality qui les avait ridiculisé en groupes deux semaines plus tôt, et ne font pas dans la dentelle : un violent 3-1, au cours duquel Vitality n’a presque pas existé, MAD contrôlant trop bien toutes les tentatives du topside des abeilles.
L’équipe espagnole se retrouve ainsi en finale d’un split passé à rien d’être catastrophique, mais doit encore affronter l’épouvantail de ce Summer, BDS, qui reste sur 10 victoires d’affilée, dont un très violent 3-0 infligé à Vitality. BDS est favori de cette finale, et le montre en remportant les deux premières, et tout le monde s’apprête à célébrer le sacre des Suisses.
Mais MAD réitère l’exploit qui leur avait offert leur premier sacre au printemps 2021. Face à Rogue, MAD avait réussi à puiser dans ses forces les plus profondes pour remonter malgré l’avantage de Rogue 2-0. Rebelote face à BDS : une, puis deux, puis trois manches d’affilée, alors que tout le monde avait déjà sabré le champagne. Après être passés à un tiebreak de finir neuvième, puis à deux coups sur un nexus de finir septième, MAD Lions remportent le Spring du LEC, et s’envolent pour le MSI.

Le MSI n’est pas le meilleur moment de l’année de MAD Lions, et c’est peu de le dire. Pourtant, tout avait bien débuté. Aligné face à T1 pour le premier match, des lions très joueurs dominent largement les triples champions du monde dans la première manche, construisant une avance impossible à remonter.
Impossible, sauf pour T1, qui réalise le come-back et remporte la première manche. Très affecté par cet échec cuisant, MAD s’écroule et perd les deux manches suivantes, finissant même la rencontre sur une humiliation en 16:50, l’une des parties les plus courtes de l’histoire… L’impact mental est trop fort, et quand MAD doit jouer G2 pour sa survie dans le tournoi, l’équipe n’a plus rien à voir avec celle qui a brillé en LEC. Elle se fait détruire 3-0, et rentre en Europe bredouille, avec le poids d’un grand échec sur les épaules.
Pourtant, à la reprise du Summer, MAD ne semble plus affecté par son MSI. L’équipe enchaîne 4 victoires d’affilée, en battant dans la même semaine Vitality, G2 et KOI. On pense alors que le MAD du printemps est de retour.
Mais MAD s’écroule à nouveau, enchaînant 5 défaites de rang, toutes contre des adversaires censés être inférieurs, et réussissant à se qualifier in extremis en groupes grâce à leurs victoires de début de saison. En groupes, la catastrophe continue : MAD perd coup sur coup face à Excel (2-0) puis contre Fnatic (2-0), finissant la saison à une bien triste septième place, et surtout avec 9 défaites de rang, la pire série de l’histoire de la structure.
Mais MAD avait déjà acquis suffisamment de points lors des deux premiers splits pour finir deuxième du classement général, sécurisant sa place aux Season Finals. Arrivant plein de doutes face à une équipe d’Excel dauphine du Summer Split, qui semble au meilleur de sa forme, MAD va pourtant trouver des forces sorties de nulle part pour asséner une correction à XL, 3-0, sécurisant par la même occasion sa place aux Worlds 2023.

Si les playoffs ne se sont pas terminés de la meilleure des façons, perdant malgré une belle résistance face à G2 (1-3) puis dans une rencontre complètement folle contre Fnatic à Montpellier (2-3), le contrat est tout de même rempli pour l’équipe espagnole, en obtenant sa qualification aux Worlds malgré toutes les déboires qu’elle a vécu en 2023.
Désormais, MAD se tourne vers les Worlds avec la ferme intention de prendre sa revanche et surtout de redorer son blason. Si MAD a toujours excellé en LEC, l’équipe est principalement connue pour ses frasques internationales, et notamment sa double élimination en Play-In des Worlds 2020 et 2022. L’année passée, MAD a jeté le déshonneur sur l’Europe entière en s’inclinant sans même résister face à Evil Geniuses, représentant américain et rival du Vieux Continent.
Cette fois, MAD a esquivé le Play-In, mais arrive avec autant d’incertitudes en Main Event de ces Worlds 2023. Quelle version de MAD allons-nous voir en Corée du Sud ? L’équipe semble déjà partir avec un désavantage : James “Mac” MacCormack, le head-coach historique de MAD Lions, ne sera pas sur place lors de la compétition, en raison de la naissance de son enfant.
Une perte importante tant Mac est un pilier de la structure depuis son arrivée en LEC, mais cette absence est prévue de longue date, et les Lions ont tout mis en place pour nullifier le plus possible l’impact de cette absence, en sachant qu’il travaillera toujours avec l’équipe à distance. Reste à espérer que les MAD Lions se montrent sous leur meilleur visage, pour laver leurs précédents échecs internationaux, et peut-être même créer l’exploit ?

Fnatic, revenu d’entre les morts
Dire que le début d’année 2023 de Fnatic n’était pas convaincant serait un doux euphémisme. Structure historique, deuxième plus titrée de l’histoire de l’Europe, Fnatic a habitué ses supporters à l’excellence. Pourtant, depuis plusieurs années, l’équipe a tendance à souffler le chaud et le froid, ce qui est difficile à accepter au vu des attentes énormes qui entourent l’équipe, à raison.
Pourtant, beaucoup de supporters avaient senti les problèmes arriver dès la fin du mercato. Après une saison 2022 en demi-teinte malgré son équipe de superstars, FNC a dit au revoir à sa botlane, Elias “Upset” Lipp et Hylissang, tous deux partis vers d’autres horizons. A la place, Fnatic a fait revenir sa légende, le joueur le plus marquant de l’histoire de la structure : Martin “Rekkles” Lasson.
Après la tentative (et surtout l’échec) d’une équipe ultime chez G2 en 2021, l’ADC suédois avait tenté sa chance au sein de la Karmine Corp, avec qui il a passé une saison étrange, couronné d’un titre aux European Masters, mais accompagné de grandes déceptions. Premier problème, Rekkles semblait déjà aux yeux de beaucoup trop frêle pour revenir en LEC, n’ayant pas vraiment montré la domination attendue en ERL. Second problème, il est accompagné sur la botlane de Rúben "Rhuckz" Barbosa, vétéran portugais des ERL, qui attend depuis longtemps son heure dans l’élite, mais sort d’une saison ratée au sein de l’académie FNC.
Finalement, ça n'a pas manqué. La botlane sous-performe grandement par rapport aux attentes. La façon de jouer de Rekkles est vieillissante, manquant d’agressivité pour performer face aux meilleurs ADC de la région, et Rhuckz est trop inconstant pour pallier cela. Mais la botlane n’est pas le seul problème de Fnatic, au contraire. Iván "Razork" Martín Díaz et Marek "Humanoid" Brázda n’arrivent toujours pas à se trouver et Martin “Wunder” Hansen sous-performe.

La catastrophe est inévitable, Fnatic passe complètement à côté de son Winter, et finit neuvième. C’est la première fois de l’histoire de Fnatic que l’équipe se fait éliminer lors de la saison régulière en Europe, et c’est la première saison régulière de l’histoire à n’éliminer que deux équipes ! La honte des fans est grande, celle des joueurs également : Wunder décide de se retirer, Rhuckz est remplacé.
Fnatic promeut Óscar "Oscarinin" Muñoz Jiménez, jeune joueur prometteur de son académie, pour remplacer Wunder, et recrute Henk "Advienne" Reijenga au poste de support. Au Spring, les résultats des Oranges vont mieux, même s’ils restent très loin du standing habituel de Fnatic. L’équipe finit sixième de saison régulière, en battant notamment MAD Lions et G2 Esports en dernière semaine pour valider sa qualification en groupes.
Mais en groupes, Fnatic s’écroulent à nouveau. Contre une équipe d’Astralis très joueuse, Fnatic multiplie les erreurs et se fait punir, direction le Lower Bracket. Ils y retrouvent MAD Lions qui début sa remontée fantastique, mais qui reste à ce moment-là très faible, et a priori une proie facile. Mais Fnatic s’emmêlent et n’arrive pas à conclure le match quand ils en ont l’occasion. Dans la manche décisive, alors que Fnatic est dans la base adverse et n’a que quelques coups à mettre pour finir le nexus de MAD, Rekkles utilise son flash bien trop tôt, l’empêchant de terminer le match, finalement remporté par MAD quelques minutes plus tard.
Fnatic termine huitième, le désastre est grand et le constat est clair : les changements du Spring n’ont pas suffit, l’équipe a besoin d’un vrai renouveau. Alors que MAD et G2 sont au MSI, Fnatic prépare son grand retour dans le top européen. Au Summer, l’équipe compte deux joueurs : Oh “Noah” Hyeon-taek, jeune coréen, ancien de LCK et qui a brillé en ERL au printemps, et Adrian “Trymbi” Trybus, échangé contre Advienne avec KOI, un échange qui soulève encore des interrogations quelques mois plus tard, tant Fnatic semble sortir gagnant.
Avec cette nouvelle équipe et un duo Razork-Humanoid enfin fonctionnel, Fnatic se réveille, et finit la saison régulière à la seconde place, avec 7 victoires et 2 défaites. Mais l’instabilité chronique de l’équipe depuis le début de la saison réapparaît dès les groupes, où Fnatic se fait punir par SK Gaming qui contre parfaitement les plans des Oranges.

Retour en Lower Bracket, où Fnatic prend sa revanche du Spring sur des MAD Lions complètement dépassés, avant d’afficher un bien meilleur visage dans son rematch contre SK. Voilà Fnatic pour la première fois en playoffs depuis le début de l’année. Contre Heretics, Fnatic domine assez largement le jeu tout au long du match, et montre une certaine solidité trop rare cette année. Mais face à Excel en demi-finale, les limites de l’équipe sont exposées à tous, et Fnatic s’incline 1-3.
Pas grave, les Oranges ont déjà validé leur place en Season Finals, même s’ils débutent la compétition dans le Lower Bracket. Ils y affrontent Excel, qui vient de les sortir aux playoffs du Summer. Cette fois Fnatic prend sa revanche, malgré un affrontement ultra serré, c’est un excellent Oscarinin, pourtant blessé au poignet, qui mène son équipe vers la victoire, et assure au minimum le top 4 européen à son équipe.
Fnatic ne compte pas s’arrêter là, mais va subir un imprévu de taille : la blessure d’Oscarinin a empiré, et elle nécessite une opération, l’empêchant de continuer les playoffs avec Fnatic. Pour le remplacer, c’est Wunder qui signe son retour dans l’équipe, alors qu’il n’a plus joué depuis son retrait de l’équipe en début d’année. Il arrive directement dans un match décisif, pouvant qualifier Fnatic au Main Event des Worlds 2023.
Malgré l’enjeu et les soucis rencontrés, rien n’empêche Fnatic de valider sa place au Main Event, dans un affrontement très serré avec BDS, au cours duquel Noah et Razork auront été excellents. FNC ne s’arrête pas là, et malgré un toplaner remplacé en urgence, se qualifie pour le week-end final du LEC à Montpellier.
Là-bas, ils y affrontent MAD Lions, et manquent presque de se faire reverse sweep lorsque Carzzy et Hylissang se réveillent. Mais les Oranges terminent le travail et se qualifie pour la grande finale du LEC, là où personne ne les aurait attendu après leur départ catastrophique.

Evidemment, en finale, la marche est trop haute, et G2 semble largement supérieur à Fnatic, mais l’important n’est pas là, puisque FNC vient de sauver une année qui aurait pu très vite se transformer en la pire de l’histoire du club. Les voilà désormais aux Worlds, et sous la meilleure version possible de l’équipe cette année.
Pour performer aux Worlds, Fnatic devra compter sur l’homme de sa saison : Razork, qui a enchaîné les performances incroyables et est proche d’être le meilleur jungler d’Europe à l’heure actuelle. Trymbi et Humanoid, qui joueront respectivement leurs troisièmes et cinquièmes Worlds d’affilée, seront des piliers à surveiller, notamment lorsque l’on connaît le potentiel step-up des deux joueurs lors des matchs importants.
Une grosse interrogation réside autour d’Oscarinin, qui reprendra bien sa place lors des Worlds, et qui disputera sa toute première compétition internationale, seulement quelques mois après son entrée dans le monde professionnel. La même interrogation peut se poser au sujet de Noah, qui n’a lui non plus jamais joué à l’international, malgré son expérience en LCK.
Quoi qu’il arrive, Fnatic peut s’estimer heureux d’être à ces Worlds après son départ chaotique, mais l’équipe ne compte pas s’arrêter là, et même si on a vu plusieurs visages de ces FNC, tantôt satisfaisants, tantôt décevants, il leur sera nécessaire d’être à leur meilleur niveau s’ils veulent inquiéter les équipes asiatiques.

G2 Esports, le seul espoir ?
S’il y a une équipe que l’on peut qualifier de dominante au sein de cette LEC, je vous le donne en mille, c’est bien entendu G2 Esports. Si même la meilleure équipe de l’histoire de l’Europe a subi quelques périodes creuses au fil de la saison, elle n’en est pas moins resté la tête de gondole du LEC pendant la grande majorité de l’année, remportant 2 des 3 splits ainsi que les Season Finals, son dixième titre de champion d’Europe.
En même temps, G2 avait annoncé la couleur, via un mercato très ambitieux. Après le demi-échec de la saison précédente, qui avait vu G2 remporter le Spring, mais échouer en finale du Summer et surtout à l’internationale, les Samouraïs se sont séparés de leur botlane, Victor “Flakked” Lirola Tortosa et Raphaël “Targamas” Crabbé. Loin d’être mauvaise au cours de la saison, elle avait surtout montré quelques limites à l’international, l’objectif principal de G2.
Plus important encore est le départ d’une légende du club, le meilleur jungler de l’histoire de l’Europe, Marcin “Jankos” Jankowski, qui quitte G2 après 5 années de bons et loyaux services. Un nom difficile à remplacer, mais la cible de G2 est déjà toute trouvée.

C’est Martin “Yike” Sundelin, la sensation de la jungle en ERL, qui monte en tant que rookie très prometteur. Double champion de France 2022 avec LDLC OL alors qu’il disputait sa première année à ce stade, le suédois a tout du nouveau prodige européen de la jungle, qui sera entouré par des experts de leurs rôles.
Pour la botlane, G2 sort l’artillerie lourde. Ils rapatrient Steven “Hans Sama” Liv parti se perdre chez Team Liquid, et l’associent à Mihael “Mikyx” Mehle, de retour dans son équipe de coeur un an après. Une botlane XXL, qui avait déjà eu l’occasion de jouer ensemble chez Misfits en 2018. A l’époque, le duo n’avait pas eu des résultats exceptionnels, malgré tout le potentiel du duo. 2023 est l’occasion de corriger ça.
Et G2 commence fort en dominant le Winter sans trop d’encombres. En majeure partie grâce à ses 3 recrues. Dans le peloton de tête en saison régulière, les samouraïs disposent facilement de BDS (2-1) puis de MAD (2-0) dans les groupes. En playoffs, KOI ne leur pose pas plus de souci (3-1), et G2 finit un parcours presque parfait sur une correction infligée à MAD Lions (3-0), sécurisant déjà sa place au MSI et aux Season Finals.
Déjà qualifié pour l’objectif principal, à savoir la compétition internationale, G2 lève le pied lors du Spring, ce qui leur sera fatal. Toujours devant en saison régulière, les ennuis commencent en groupes, où G2 se fait surprendre et envoyer en Lower Bracket par KOI, qui les avait déjà battu en saison régulière.
G2 ne perd pas la face et domine facilement SK, avant de se venger de KOI pour accéder à nouveau aux playoffs. Là-bas, ils retrouvent le finaliste du Winter, MAD Lions, qui ne semble pas à la hauteur des playoffs, et arrive comme outsider face à G2. Pourtant, G2 va à nouveau se faire surprendre, affichant quelques grosses faiblesses inattendues, notamment de la part du pilier habituel de l’équipe : Rasmus “Caps” Winther. G2 s’incline 3-2, et termine quatrième du Spring, un échec pour les Samouraïs.

Même si leur qualification était déjà assurée après le Winter, le niveau montré par G2 au Spring pose quelques questions à l’approche du MSI. En Play-In, l’équipe rassure à moitié, montrant parfois de belles phases de domination comme elle en a le secret, mais à d’autres moments des faiblesses qui leur coûte cher. Le Main Event débute sur un match face à Gen.G, le champion coréen, qui rappelle à tous que l’écart entre les deux régions est toujours bel est bien présent. Jeong “Chovy” Ji-hoon enterre Caps et les coréens dominent les Samouraïs sur tous les aspects du jeu, malgré un Yike touché par la grâce, qui réalise ce jour-là des performances exceptionnelles.
En Lower Bracket, face à des MAD Lions brisés par T1 quelques jours plus tôt, G2 affirme facilement leur statut de meilleure équipe d’Europe, un statut qui ne vaut pas grand chose face à Bilibili Gaming deux jours plus tard. Même si G2 Esports se bat bien, et arrache même une manche, l’écart entre les deux équipes est criant, et pour cause : BLG s’apprête à sortir les deux équipes coréennes coup sur coup à la suite de leur match contre G2.
De retour en Europe, G2 connaît ses faiblesses. Si Yike et Sergen “BrokenBlade” Çelik ont été à la hauteur de l’événement, ce n’est pas le cas de leurs trois coéquipiers, pas à leur niveau face à des adversaires qui ne laissent passer aucune erreur. La faiblesse la plus criante est à la midlane : Caps avait déjà montré des signes de difficulté lors du Spring, se réfugiant sur des champions exotiques pour dissimuler ses difficultés sur les meilleurs personnages de la méta.
La botlane a elle aussi souffert, alors qu’elle était jusqu’alors l’un des points forts majeurs de G2 Esports, par laquelle beaucoup du jeu de l’équipe passait. Probablement motivés par l’échec, G2 repart en marche, et surdomine le Summer de LEC : 8-1 en saison régulière, 2-0 face à KOI, puis contre BDS. En playoffs, XL semble quelque peu les gêner lors du premier match, accroché et finalement remporté 3-2, mais lorsque G2 recroise leur route en grande finale, ils leur infligent la sentence habituelle : 3-0.

Voilà G2 champion incontestable du Summer, qui s’avance vers les Season Finals en conquérant. 3 rencontres leur suffisent pour récupérer leur trône, les trois face aux 3 autres représentants de l’Europe aux Worlds, et les trois se terminant sur le même score à chaque fois : G2 vient d’abord à bout de BDS 3-1, puis est quelque peu mis en difficulté par MAD, avant que BrokenBlade déverse tout son talent sur la rencontre. Ils croisent FNC en grande finale qui subit le même tarif, cette fois via un Caps extraordinaire, sans doute boosté par le public de Montpellier derrière lui.
G2 est ainsi la meilleure équipe d’Europe, sans contestation possible. Mais ce titre est presque une formalité pour la plus grande structure de l’histoire de l’Europe, et ce n’est même pas ce qui l’intéresse. Depuis toujours, G2 veut performer à l’international, et ce MSI en dent de scie reste en travers de la gorge des Samouraïs. L’équipe n’a cessé de progresser depuis son retour du MSI, particulièrement BrokenBlade, qui joue à un niveau ahurissant depuis quelques mois, et semble fin prêt pour les Worlds. De son côté, Mikyx est le MVP incontesté de la ligue, pour sa constance et sa domination sans partage sur l’intégralité des botlanes européennes.
Caps et Hans Sama ont également rassuré après des MSI décevants, et les deux sont historiquement réputés pour élever leur niveau lors des Worlds, particulièrement quand leur équipe a besoin d’eux. Dans une compétition où G2 Esports semble être la seule force valable pour affronter les terrifiants asiatiques, les Samouraïs seront-ils capables de braver le fameux gap régional, afin de réitérer leurs glorieux exploits passés ? En tout cas, beaucoup d’européens y croient.

Entre ceux qui ont pour objectif de concurrencer les meilleurs, ceux que personne ne voyaient aller aussi loin, et ceux qui ont vécu des années rocambolesques, les 4 représentants du LEC aux Worlds 2023 affichent une diversité sans pareille. Cependant, ils partagent tous le même objectif : rendre fier une région à qui ses plus belles années manquent beaucoup.
- Drako -
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