"Maintenant je pense que c'est peut-être la lane la plus solide qu'on a"
À la tête du coaching staff d’Aegis pour la saison 2024 de LFL, Thomas "Chama" Chalmandrier nous partage son expérience après sa transition d’analyste à Assistant coach, puis celui de Head coach, et de la manière dont cela influe sur son travail au sein de la structure.
Bonjour Chama, merci d’être avec nous, au sein d’Aegis tu es passé d’analyste à Head coach, comment est-ce que ça s’est déroulé ?
"Eh bien dès le début ça s’est très bien déroulé, cela faisait déjà un peu plus de 2 ans je créais des outils pour aider les coachs, je devais m’adapter à leurs besoins et leurs objectifs. Mais désormais, j’utilise cette expérience pour moi puisque je suis le coach."
"De plus, j'avais déjà quand même pas mal d'idées en tête, qui ont pu être mises en place dès mon arrivée à la tête du staff, ce qui est quelque chose d’assez grisant."
Concernant ton rôle swap, comment cela s’est déroulé ? Était-ce un souhait de ta part, sont-ils venus te proposer directement ?
"À vrai dire, j’avais déjà un peu abordé le sujet avec eux, j'étais déjà passé Assistant Coach au cours de l'année, officiellement, parce que j'avais montré que je pouvais faire plus que simplement le rôle d'analyste."
"Et donc finalement, quand est arrivée la période de recrutement d’un nouveau Head coach, ils m'ont proposé. Ils avaient d'autres coachs en tête, j'ai fait partie d'une shortlist, et au bout du processus, j’ai été choisi."
C'est la première fois que tu as construit un roster. Quels étaient tes objectifs, mais également les obstacles que tu as pu rencontrer lors de sa création ?
"Tout d'abord, il nous fallait forcément des résidents Français. C'est toujours la première étape quand on construit une équipe. C'est pour cela que Veignorem a très rapidement été lock."
"Ensuite, j'aime bien avoir deux types de profils, des rookies qui apportent de nouvelles idées et des vétérans qui structurent le jeu, c'est un mix qui fonctionne très bien car chacun apprend de l'autre. C’est pour cela que Nafkelah et Hido ont rejoint rapidement le roster. La midlane et la botlane étant des postes sur lesquels il est très intéressant de s’appuyer sur des rookies."
"Après ça, on a fait le choix d'Agressivoo à nouveau pour la résidence mais également son côté vétéran. Et pour finir, comme certains ont pu le suivre lors du mercato, pour le jungler on avait porté notre premier choix sur Elramir, ce qui n’a malheureusement pas pu se faire."
"Notre regard s'est donc tourné vers Ryuzaki pour compléter le roster, mais ça marchait très bien, il remplit à peu près le même rôle qu’aurait du avoir Elramir. Et je pense que c'est désormais l’un de nos meilleurs joueurs, j’en suis très content."
Comment se passe la communication au sein de l'équipe ? Est-ce que vous avez un main Shotcaller ? Deux ? Le lead s’est-il fait naturellement ou as-tu essayé d’imposer une vision particulière ?
"À vrai dire, en early, c'est, quasiment dans toutes les équipes, toujours le jungle qui va Shotcall. Donc chez nous de 0 à 12 minutes, c’est Ryuzaki qui s’en charge, puis c’est Agresivoo qui prend le relais."
"Ce roulement c'est fait naturellement, l’expérience a fait la différence, Agresivoo est, je pense, le joueur le plus talentueux au niveau de la compréhension et de la connaissance du jeu, ce qui explique sa position."
"À ce niveau-là, c'est presque du micro-management par rapport aux autres joueurs, mais il s’en sort très bien et les joueurs apprécient cette manière de faire. Surtout Hido et Nafkelah, savoir ce qu'ils doivent faire en midgame, ça les aide à passer à l'étape supérieure en LFL où le gap de niveau par rapport aux autres ligues est présent."
Justement concernant Hido, comment gère-t-il sa première année en ERL majeur ? Dois-tu adapter ton coaching à se mélange Vétérans / Rookies ?
"Pour Hido, je pensais que ce serait bien plus compliqué au début. Notamment parce qu'avec Veignorem, c'est deux profils qui sont complètement différents. Lors du recrutement, ça ne m'avait pas dérangé, je me disais que les deux allaient apprendre l'un de l'autre, qu'Hido allait pousser Veignorem, que Veignorem allait cadrer aussi Hido dans des styles de jeux qui à la base n'avaient rien à voir."
"On savait également qu'on avait de quoi prendre un positional coach en plus, donc au début, je voulais prendre quelqu'un pour justement accompagner la botlane. Et en fait, on n'en a pas eu besoin, la botlane s'est très rapidement renforcée, bien plus vite que prévu, notamment parce que les deux passent des heures et des heures à parler du jeu et à apprendre l'un de l'autre."
"Le premier mois c'était compliqué évidemment, les deux faisaient des choses qui n'avaient rien à voir, ils ne se comprenaient pas du tout sur la manière d’appréhender le jeu. Mais maintenant je pense que c'est peut-être la lane la plus solide qu'on a, donc je suis plutôt content au final du choix qu’on a fait."
Au niveau des drafts, comment ça se passe chez Aegis ? Est-ce que c'est toi qui ramènes des plans de drafts adaptés à tes joueurs ou est-ce que de temps en temps les joueurs ont envie de jouer un pick et tu adaptes la draft autour de ça ?
"Je pense que j'ai des joueurs qui savent ce qu'ils veulent faire. Quand ils ont des idées, je leur laisse toujours la marge pour aller la tester en scrim à minima."
"En revanche, pour les matchs officiels, je suis assez strict sur le fait qu'on ne joue que ce que l'on a pris en scrim. C'est un peu différent de, par exemple, Eika, l'année dernière, qui pouvait pick des choses qu'il n'avait pas forcément joué en scrim, parce qu'il a plus d’expérience."
"Mais cette année, on essaie justement d'être assez constant par rapport aux scrims. En revanche, pour les entraînements, les joueurs peuvent amener ce qu'ils veulent, moi, je leur construis beaucoup de scénarios. On va dire que j'essaie de leur mâcher un maximum le travail, un peu à mi-chemin avec ce que pourrait faire un travail d’analyste pour un Head Coach, je pense que c’est la où on voit le plus la transition."
"Je m'appuie beaucoup également sur les statistiques, pour savoir quels champions pourraient nous servir pour combler nos faiblesses ou contrer les forces adverses."
En parlant des scrims, comment se passe votre planning d’entraînement ? Les nightblocks se popularisent beaucoup, est-ce que c'est quelque chose que vous envisagez chez Aegis ou vous préférez rester sur un planning de scrims commun où la Solo Q a tout autant d’importance ?
"Je pense que la solo Q est très importante. Surtout que la saison a commencé début janvier et moi, j'ai tendance à répartir sous forme un peu de sprint, c'est-à-dire faire d'abord des sprints plus orientés scrims. Donc c'était très important pour commencer, on a fait beaucoup de scrims en décembre sur le nouveau patch. Quand la solo Q est sortie, on s'est beaucoup orientés sur elle."
"Finalement, on a fait un planning de scrims très classique, on a juste fait un nightblock, mais voilà, ce n’était pas quelque chose qu'on a poussé. Pour vraiment laisser aux joueurs le temps de faire de la solo Q, ce qui leur plaît, ça les amuse, et en plus c'est là que je pense qu'ils s'entraînent le mieux et qu'ils deviennent le plus fort individuellement, ce qui est très important au début de split."
"Sur la deuxième partie du split en revanche, on va reprendre un planning plus orienté scrim, et là, je pense qu'on va plus faire de nightblocks."
Une petite question sur Aegis, c’est quand même une équipe qui a beaucoup de fans, comment est-ce que tu gères toi en tant que coach la pression que ça amène d'être suivi par bien plus de personnes ?
"En fait, c'est de la bonne pression, parce que les fans d'Aegis sont très bienveillants, quoi qu'il arrive, ils sont toujours là pour nous soutenir. C'est un peu une sorte d'amour inconditionnel, le mauvais côté de ça, c'est qu'on peut se laisser un peu avoir par le fait que quoi qu'il arrive, ça ira bien."
"Mais moi, je pense que je n'ai pas trop ça de mon côté, après, en tant que coach, je subis beaucoup moins la pression que les joueurs qui sont forcément in-game. De mon côté, ça me pousse, parce que dès qu'il se passe quelque chose de mal, on a tendance à se remettre en question, que ce soit la draft, l'entraînement, les process qu'on a mis en place avec les joueurs, sur quel joueur quoi focus pour les améliorations."
"Mais non, après, ils sont tout de suite dans les mentions, dans les messages privés à soutenir donc de mon côté, au contraire, c'est très bien. Les joueurs, il faudrait leur demander, mais je n’ai jamais eu de retour négatif de leur part. Et je pense qu'au contraire, ils trouvent tous que c'est quelque chose de très positif."
Est-ce que tu as un dernier mot que tu souhaiterais adresser aux fans, à tes joueurs ou à d'autres personnes ?
"Merci beaucoup aux fans qui nous suivent, parce que ça fait toujours plaisir. Il faut que j'aille les voir justement, parce qu’on a fait 0-2 cette semaine donc je suis dépité pour eux plus qu'autre chose, et pour les joueurs forcément. Mais merci de continuer de nous soutenir."
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Credit photo : Elliot Le Corre
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